GEM Le Sympa - Venez comme vous êtes

Nichée entre le CCAS et AS Domicile, la devanture colorée du GEM attire l’oeil. À l’intérieur, Hélène Huff, présidente, accueille avec Valérie Pollet, animatrice sociale en charge de l’administratif et Laëtitia Herrou, monitrice éducatrice. Coeur battant du GEM, la salle commune respire la convivialité : grande table fleurie, plantes vertes, café fumant, jeux de société, photos et oeuvres colorées aux murs.

Recréer du lien 

C’est dans cet espace chaleureux que sont accueillies des personnes majeures en fragilité psychique ou en situation d’isolement. « Le GEM n’est pas un lieu de soin, mais un espace d’écoute et d’échange. Beaucoup ont eu une vie sociale, une famille, avant d’arrêter de travailler ou d’exercer en milieu protégé. L’objectif est
de recréer du lien, souvent perdu au fil des épreuves », expliquent Valérie et Laëtitia. Certaines personnes sont orientées vers le GEM par l’hôpital ou les structures sociales de la ville. « C’est le signe d’une reconnaissance croissante de notre rôle auprès des partenaires sociaux », se réjouissent Valérie et Laëtitia. D’autres
franchissent la por te d’elles-mêmes. « Il arrive qu’elles passent plusieurs fois devant sans oser entrer… jusqu’au jour où ça devient possible ».

Un lieu libre et ouvert

Au GEM, on accueille « dans la bienveillance et sans jugement. Chacun est libre de parler de son parcours ou non. On peut passer simplement boire un café, lire le journal, faire une lessive ou utiliser les ordinateurs et la photocopieuse ». Si les après-midis sont consacrés à la vie collective, des entretiens individuels peuvent être proposés dans la confidentialité d’un bureau, le matin sur rendez-vous.

L’association compte environ 70 adhérents, un nombre en progression. Depuis la crise du Covid, le public s’est rajeuni : les 20- 30 ans sont de plus en plus représentés, même si la moyenne d’âge reste autour de 50 ans. Un mélange intergénérationnel qui fonctionne d’ailleurs très bien. L’adhésion annuelle de 30 euros aide au fonctionnement de l’association, aux côtés des subventions du Département, de l’ARS et de Morlaix Communauté. Les adhérents vont et viennent librement, mais chacun s’engage à signer un règlement intérieur qui proscrit notamment l’alcool et souligne l’importance capitale du respect mutuel.

Des ateliers qui rassemblent

Ateliers de médiation équine, de théâtre, de musique, de sport adapté... Le GEM multiplie les activités avec des intervenants extérieurs. L’association dispose aussi d’un fourgon pour les balades et même les voyages ! En septembre, dix adhérents ont profité d’une escapade à Saint-Jacut-de-la-Mer. « Ces séjours créent une véritable bulle qui favorise échange et bienveillance, dans un cadre différent. » Avec l’animateur Yann Lever, les adhérents ont réalisé une émission de radio, bientôt diffusée sur Radio Nord Bretagne. En 2026, ils participeront de nouveau à la Grande Parade du CNCA. Sur les murs de la salle commune, des portraits en noir et blanc, dont celui d’Hélène, réalisés par Bertrand Basset s’accompagnent de récits de vie. « On aimerait rendre l’exposition plus visible à Morlaix pour les 20 ans du GEM », confient les trois femmes.

Presque une famille

Ici, les repas partagés ont une saveur toute particulière. « Après l’atelier cuisine du jeudi, nous proposons un déjeuner collectif le vendredi. Les adhérents décident du menu, font les courses », raconte Hélène. « Ça marche fort ! Comme les auberges  espagnoles des mardis et samedis midi. » Au GEM, se tissent aussi de belles histoires. « Cer t ains adhérent s sont tombés amoureux. D’autres ont retrouvé un travail, mis fin à leurs addictions. » Valérie évoque cet homme « qui a repassé son permis de conduire, pu se racheter une voiture, retrouver une maison. Réaliser le chemin qu’il a parcouru est formidable ! » Le GEM devient parfois une seconde famille. « Bernard, Bruno, Joël... certains sont là depuis l’ouverture. Et même ceux qui vont mieux, continuent à revenir. »

Les Groupes d’Entraide Mutuelle ont été créés pour rompre l’isolement des personnes en fragilité psychique et favoriser leur autonomie et leur  inclusion sociale. Ils sont nés au début des années 2000, après la loi du 11 février 2005 sur le handicap, qui reconnaît le handicap psychique et encourage la participation des personnes concernées à la vie sociale. Le GEM de Morlaix fut l’un des premiers à voir le jour en Bretagne en 2006.