Carole Troadec fait le lien
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Ces noms gravés dans le granit, s'ils nous interpellent, nous invitent à rendre hommage à ces 60 jeunes hommes arrêtés le 26 décembre 1943, Otages en représailles, réponse de l'occupant à un attentat ayant ciblé le Soldatenheim le 24 décembre au cours du Réveillon de Noël.
Lourd tribut imposé à notre Ville de Morlaix, que ces hommes innocents qui seront détenus à Compiègne-Royallieu, camp de transit, première étape de leur déportation... Après la libération de l'un d'entre eux, le constat de 5 évasions réussies durant le transport, c'est au nombre de 54 que nos Otages, précipités dans l'enfer de Buchenwald, connaîtront, outre-Rhin, l'horreur des « camps de la mort » où l'extermination par le travail fut le mot d'ordre, la déshumanisation l'objectif... horde de forçats anonymes, en tenue rayée, malades, affamés, brimés, humiliés, torturés ou fusillés parfois … 32 y perdront la vie.
La « Libération des Camps » fut ordonnée par Hitler début avril 1945. Devant la progression des libérateurs russes et américains, les SS. précipitèrent sur les routes les déportés, dans de sinistres « marches de la mort » ... d'autres, entassés dans des wagons sans destination, n'auront pas tous la vie sauve ... Les malades et les morts sont abandonnés dans des camps désertés.
Victimes de la barbarie Nazie ! « Morts pour la France », mais aussi pour leur Ville dont ils furent la cruelle rançon. « Ils ont été les sacrifiés préservant par le sacrifice de leur vie, celui, sans doute, de beaucoup d'autres vies morlaisiennes... cela, la population tout entière ne doit pas l'oublier, se fera un devoir de ne pas l'oublier »... proclamait M. Masson, Conseiller de la République... lors de l'inauguration de ce monument le 13 avril 1947. *
« Mais vous qui êtes revenus, peut-être la souffrance vous a-t-elle apporté un capital inouï d'expérience humaine, peut-être avez-vous, témoins de l'avilissement systématique de la machine de guerre allemande, atteint des profondeurs spirituelles dont vous gardez farouchement le secret (car il y a des choses que vous avez vues et que nous ne pouvons pas comprendre), peut-être que ce voyage que vous avez fait aux frontières de la plus vraie misère vous a-t-il apporté une flamme qui illuminera votre vie... mais eux, pour quelle fin sont-ils morts ? Leur sacrifice n'est-il pas totalement inutile ? Et ce destin tragique n'est-il pas aussi un destin stupide ? NON ! car s'ils ne sont pas tombés en combattant, ils ont été condamnés à une infâme et injuste peine... » ajoutait alors M. Bougeas, Sous-Préfet. *
Au cours des années 1990, après un long silence, nombre de rescapés des camps, ont éprouvé le besoin, ou la nécessité de devenir des Témoins et à travers leur expérience dans les camps, affirmer les valeurs de liberté, justice, tolérance, solidarité car, citant Elie Wiesel :
« Les nations qui ne connaissent pas leur passé s'exposent à le revivre »...
Que ce temps de recueillement, au pied de cette stèle, soit notre manière d'affirmer, à ceux qui sont morts dans les camps, comme à ceux qui en sont revenus meurtris et, au fil des ans, nous ont quittés : nous ne vous oublions pas !
« L’oubli est un vaste océan où navigue un seul navire « la mémoire ». (Amélie Nothomb)
Nicole LEON-PETIT
Fille de René PETIT, otage « mort pour la France » Secrétaire de l'AFMD-DT 2
* extraits de la Presse locale
Dernière mise à jour le 28.04.2025